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force interne, force externe (2/2)

28 Novembre 2008 , Rédigé par haze Publié dans #taijiquan

voici la seconde partie de l'article. La première partie est ici

 

 

3. Développer le jin

 

Lors d'un combat, on peut avoir besoin de beaucoup de puissance. Donc comment augmenter et utiliser la puissance ? Il y a deux manières : augmenter la force maximale, augmenter la force relative. Pour augmenter la force maximale, il y a deux méthodes : faire du muscle et aller au maximum de notre potentiel. Pour augmenter la force relative il y a aussi deux méthodes qui peuvent être employées : trouver le meilleur angle et le bon timing pour utiliser sa force et emprunter la force de l'adversaire. Toutes les deux manières ou les quatre méthodes sont utiles et employées dans le Taiji Quan, mais on met l'accent dessus à des niveaux de priorité différent selon les différentes étapes de l'entraînement.

 

L'ordre dans laquelle ces méthodes sont listées ci-dessus est aussi l'ordre relatif de la complexité. Des quatre méthodes, la plus simple est celle pour obtenir du muscle. C'est compréhensible et c'est un entrainement qui peut être abordé directement et facilement. Emprunter la force de l'adversaire est la plus complexe des méthodes. . cela ne nécessite pas seulement une connaissance de nous même mais aussi de notre adversaire.

 

Habituellement, la plupart des gains en force absolue dûs à l'entrainement sont pour le wai jin tandis que la plupart des gains en force relative sont pour le nei jin. Les deux sont nécessaires en Taiji Quan. On a donc besoin de les comprendre, de les pratiquer en conséquence. En Taiji Quan, le développement du jin comprend le huan jin (comment transformer le li en jin), le yun jin (comment faire circuler le jin à travers notre corps) le xu jin (stockage de jin), le fa jin (la sortie de jin) et le dong jin (comprendre comment utiliser le jin dans les principes du Taiji)

 

3.1. caractéristiques d'un jin de haut niveau

 

Coordination totale du corps

 

Le li que nous utilisons naturellement dans la vie de tous les jours n'est en fait pas le li disponible dans sa totalité. Une grande portion de notre potentiel n'est pas utilisée. Car sans l'entrainement, notre corps ne fait pas un tout. Toute sa puissance est locale et fragmentée. Quand nos mouvements ne sont pas totalement coordonnés, quand des parties de notre corps fonctionnent à l'encontre des uns des autres, on perd de l'énergie. La raison, pour laquelle beaucoup de groupes pensent que le jin est un li plus grand, est qu'avec le jin on dépasse le potentiel non utilisé.

 

Notre corps n'est pas totalement coordonné car dans la vie de tout les jours on fait très peu de choses qui nécessitent d'être uni. La plupart des objets que nous manipulons sont assez légers pour qu'ils puissent être soulevés uniquement par le bras droit. On est ainsi l'expert de la segmentation et non de la coordination totale du corps.

 

A quoi ressemble la coordination totale du corps ? Si quelqu'un pousse votre bras droit avec une force de 100 livres et qu'on utilise juste les muscles du bras droit pour résister, on emploie le li d'une manière très fragmentée. On est tendu car 100% de la charge est supportée par les seuls muscles du bras. Quand on est coordonné on utilise tout le corps. On répartit les 100 livres à travers tout le corps de manière à ce que le bras ne supporte, disons, seulement 10 livres du poids. Ainsi puisqu'aucune partie du corps ne supporte une grosse charge, le tout est relâché, même quand il supporte quelque chose de très lourd.

 

Cette sensation de relâchement est une des choses des plus importantes dans l'entraînement de l'art martial interne. Sans relâchement il n'y a pas de sensitivité et sans sensitivité on ne peut pas utiliser ce qui fait le haut niveau de l'art martial interne.

 

Et au contraire du li, quand on a vraiment du jin, on doit sentir que le jin est toujours présent dans toutes les parties du corps et qu'il peut être dirigé dans toutes les directions.

 

classiques du Taiji Quan déclarent que le jin est initié à partir des racines de nos pieds, libéré par nos jambes, contrôlé par notre taille et finalement il se manifeste à nos doigts. Des pieds aux doigts ; l'énergie doit circuler complètement et sans rencontrer de résistance. Cela demande de la coordination globalisée.

 

Sans à-coup et sans résistance

 

On veut avoir la capacité de faire circuler le jin à travers tout le corps sans à-coup. Qu'à tout moment le jin peut aller n'importe où dans le corps et sans mouvements préparatoires. Seulement quand on peut faire circuler le jin à ce niveau de liberté et de vitesse peut on vraiment l'utiliser en combat ?

 

Evolutif

 

Beaucoup de choses peuvent survenir dans un combat et ceci très rapidement. On veut pouvoir faire tout changement approprié du jin: la direction, la quantité, la dureté, la souplesse, l'apparence, la disparition etc... La pratique des poussées de mains est l'entrainement le plus important pour cela. S'entraîner et comprendre comment utiliser les 36 jin est aussi très important. Mais si on peut le faire, peut on dire qu'on comprend le jin ?

 

3.2. Huan jin : transformer le li en jin

 

Un des exercices des plus importants en Taiji Quan est de transformer le li en jin. Le but est que si on doit utiliser de la force physique en combat, on n'utilise jamais le li, on n'emploie que le jin. Pour atteindre ce niveau on doit faire un certain type d'entraînement.

 

La méthode principale pour cela en Taiji est l'entraînement de la forme. L'objectif de tout entraînement est de créer une nouvelle habitude, une seconde nature et un nouveau reflexe. Le type de réponses à laquelle on s'entraine au Taiji est d'aller de base à l'encontre de nos instincts naturels. Ainsi on doit renforcer beaucoup de choses. On doit pratiquer la forme tous les jours. Quand on s'entraine, la forme doit être exécutée de manière lente, sans à-coup, relachée et agilement. Notre esprit doit être sollicité à tout moment pour lutter contre les instincts naturels du corps, sinon au lieu d'avoir la consolidation d'une nouvelle habitude on finit par renforcer l'ancienne.

 

Zhan zhuang (posture debout) est une méthode supplémentaire très populaire. Par rapport à la forme c'est beaucoup plus simple. On doit juste tenir une posture statiquement. L'autre méthode est appelé shin jin (tester la force) Dans ce cas on doit faire des mouvements simples de manière répétitive, habituant notre corps à la nouvelle façon de bouger et d'expérimenter ce que la sensation correcte du jin doit être. On dit que les poussés de mains sont une des meilleures façons pour apprendre le nei jin.

 

Au début de la pratique, on peut croire qu'on perd de sa puissance. Il ne faut pas s'en inquiéter et continuer à pratiquer de la bonne manière. Quand on sent que la puissance revient cette puissance est le jin. C'est un processus très long et graduel. Personne ne peut bien le faire tout de suite.

 

Pendant un très long moment lorsqu'on utilisera notre force ce sera un mélange de li et de jin. C'est ce qui rend le Taiji Quan très difficile et en même temps très intéressant.

 

Très souvent, si on est tendu pour une raison quelconque, peut être par nervosité, on utilisera plus de li. On va à l'encontre de notre instinct naturel. L'entrainement est nécessaire pour surmonter cet instinct. Ainsi l'entraînement du Taiji Quan est plus mental que physique. C'est la manière la plus efficace de s'entraîner. De cette manière le ratio entre le li et le jin change petit à petit, notre corps devient de plus en plus un ensemble uni. On pourra avoir de plus en plus de puissance disponible par notre corps qu'on ne pouvait en avoir avant car nos mouvements étaient trop inefficaces. C'est basiquement à quoi huan jin se réfère.

 

Ce type d'entrainement est plus qualitatif. L'objectif ici est d'augmenter notre jin. C'est très physique, mais cela n'augmente pas trop la taille de vos muscles. Théoriquement il y a une seconde façon d'augmenter le jin : en entraînant les muscles pour augmenter le li, puisque le li est le matériau de base pour le jin. C'est plus une approche quantitative. Idéalement, on veut les deux. On veut avoir le plus possible de li disponible pour la transformation en jin, et on veut pouvoir développer le plus possible de ce li dans la forme de jin

 

On doit faire ici attention car il y a beaucoup de conflits inhérents entre ces deux approches. Surtout au début, quand on a peu d'expérience avec ce que doit être le bon feeling pour l'usage du jin. Trop d'entraînement de type quantitatif peut facilement aller contre l'entraînement de type qualitatif. L'entraînement à la résistance concerne de façon simpliste la plupart du temps le li. On peut peut être satisfaire notre instinct naturel d'utiliser le li si on doit vaincre une grande force. C'est à l'opposé de l'entrainement du jin. De même, l'entrainement au jin demande au corps d'être relâché. Ici on habitue le corps à être tendu. En Taiji Quan, on voit beaucoup de gens qui se focalisent sur la seconde approche et progressent lentement dans le processus du huan jin car ils sont habitués à utiliser leur li.

 

Pour ces raisons traditionnellement on croit qu'il faut mieux plus se concentrer sur l'approche qualitative. Premièrement pour apprendre à bouger de manière plus efficace, apprendre comment obtenir plus que ce qui est disponible. Certaines personnes sont totalement contre l'entraînement à la résistance mais c'est aussi trop extrême. On a juste besoin d'équilibrer attentivement chaque type d'entraînement. Le Taiji Quan est un art martial, l'entraînement à la résistance doit être une partie de tous les arts martiaux.

 

Il est important de noter que lorsqu'on dit que la pratique du Taiji Quan change notre nature humaine originelle, on ne veut pas dire qu'il faut aller contre les lois de la nature. On obéit toujours aux lois de la nature. On évolue juste à un plus haut niveau que les façons primitives et brutes disponible à la naissance. Quand on soulève une grosse pierre à mains nues, on suit les lois de la nature, quand on utilise une corde et une poulie pour le soulever avec une fraction de la puissance, on suit encore les lois de la nature. La nouvelle manière représente une compréhension la plus avancée de la nature. On veut que la nouvelle manière soit une réponse automatique à une sollicitation. Dans la philosophie chinoise on dit : « shun qi zi ranqiu zi ran » : suivre les lois de la nature pour obtenir une autre nature.

 

3.4. Yun jin

Yun jin signifie faire circuler le jin à travers le corps pour qu'il soit utilisé. Il y a deux types de circulation : un pour faire circuler et collecter le jin à un ou deux points du corps pour le libérer. C'est habituellement fait pour le wai jin. On veut être capable de faire circuler le jin rapidement à n'importe quelle partie du corps quand cela est nécessaire. L'autre manière est de laisser le jin se répandre dans tout le corps. Ainsi à un moment le jin est partout dans le corps. C'est l'utilisation habituelle du nei jin.

 

3.5. Fa jin

 

L'application du jin est souvent appelé Fa jin (libération ou lancement de jin). Fa veut dire lancer, relâcher, projeter, générer, envoyer ou sortir. Dans la plupart des arts martiaux, l'idée générale du fa jin est d'émettre une force puissante. En Taiji Quan c'est beaucoup plus nuancé et plus précis.

 

3.5.1. définition

 

Pour comprendre le fa jin en Taiji Quan on a besoin en premier de parler de la définition exacte du terme de fa jin. Il y a deux définitions pour le fa jin en chinois. La première est « force projetée ». Ici les deux caractères, fa et jin, sont combinés ensemble comme pour un nom. Cela se réfère à une sorte de jin qui peut être utilisé pour lancer quelque chose au loin, comme frapper quelqu'un durement et le projeter loin. Quand on parle de fa jin de cette manière, on parle du fa jin comme d'une technique d'attaque. De ce point de vue, basiquement toute attaque peut être un fa jin. Ici le but principal durant l'entraînement est de délivrer la plus grande force possible.

 

L'autre définition de « fa jin » est « relâcher le jin ». Ici fa est un verbe qui signifie relâcher ou lancer, et jin l'objet qui veut dire « force coordonnée ». Quand on parle du fa jin de cette manière, c'est un concept plus général qui veut dire utiliser le jin. Puisqu'il y a différents types de jin dans le Taiji Quan, il y a plusieurs manières de l'exprimer. Ce n'est pas restreint à une grande explosivité surtout quand le nei jin est impliqué. Ici l'objectif le plus important dans l'entrainement est d'apprendre comment contrôler le jin, comment l'utiliser de manière la plus efficace possible. De ce point de vue, le fa jin n'est pas juste une force très puissante. Il peut être beaucoup de choses. Il peut être petit doux ou lent...

 

Les deux types de jin et les deux manières correspondantes pour faire le fa jin signifient que dans le Taiji Quan on n'utilise pas notre force pour attaquer directement l'adversaire. Comme les caractéristiques principaux du nei jin sont cachées, changeantes et continues son fa jin doit aussi être ainsi.

 

Bien qu'il soit rapide, précis et puissant, le wai jin est difficile à modifier une fois qu'il a été libéré. Ainsi en Taiji Quan, on le fait quand on est vraiment sûr de toucher sa cible. Et même avec un jin puissant, on ne frappe pas de toute sa force. On essaye d'avoir l'effet maximum ce qui veut dire qu'on veut encore optimiser le timing, la direction, la position, la cible, et la quantité.

 

En Taiji Quan, les forces qu'on projette peuvent être du wai jin ou du nei jin, mais la plupart du temps ce sont du wai jin. On dit toujours que si on ne sait pas faire un fa jin (une force projetée) on ne sait pas utiliser le Taiji Quan pour le combat. Il y a quelques forces projetées utilisées habituellement dans les poussées de mains et lors de combats : jie jin (la force interruptrice), chang jin (la force durable), chen jin (la force d'affaissement), zuan jin (la force perforante), cun jin (la force sans recul), fen jin (la force séparante), leng jin (la force froide), duan jin (la force cassante), dou jin (la force secouante), chong jin (la force d'enfoncement) et chuang jin (la force d'assaut) etc...

Certaines sont plus dures, certaines plus rapides, certaines plus abruptes et d'autres plus puissantes. Certaines sont plus facile à utiliser d'autres plus dures. La caractéristique commune de toutes ces forces est qu'elles peuvent être utilisées pour une attaque dure. Il est important de noter que dur ne signifie pas émettre la plus grande quantité de force possible. Cela signifie juste qu'on a l'attaque la plus efficace possible. Ce qui important c'est de maitriser notre quantité de force. Même lorsqu' on est très puissant on fait toujours attention à la quantité de force dont on a besoin. Il faut toujours se poser la question : si on réduit plus la quantité obtient-on toujours les même résultats ? Cela fait partie de la philosophie du Taiji Quan d'utiliser au minimum la force pour obtenir le maximum d'effet.

 

Parce que le processus d'émission du wai jin est si évident, si facile à comprendre et à jauger, que beaucoup de personnes pensent par erreur que le fa jin du Taiji Quan n'est que cela. C'est une des incompréhensions courantes qui font que les gens se concentrent, à l'entrainement, sur le wai jin et ils ignorent l'entraînement du nei jin dans leur pratique de l'art martial interne. Le résultat final est qu'on stagne à ce niveau et qu'on ne comprendra jamais ce qu'est le haut niveau d'un art martial interne.

Comme le nom le suggère, en fait le fa jin le plus important dans le Taiji Quan est celui du nei jin. La sortie de wai jin ne joue qu'un rôle secondaire et de support pour le combat. C'est parce que le nei jin est projeté littéralement dans le corps, qu'il est normalement petit, que les mouvements physiques externes ne sont pas si visibles, que les gens ne le distinguent pas clairement. Quelques fois ils ne réalisent même pas qu'un fa jin a été fait. Donc portez votre attention là.

 

3.5.2. Principes du fa jin

 

Selon les principes du Taiji Quan, on ne peut pas attaquer directement. Cela vient toujours après qu'on ait gagné le contrôle de l'adversaire. Le premier principe du fa jin est le timing. C'est une question d'efficacité. Un fa jin trop tôt et l'adversaire n'est pas encore entièrement sous notre contrôle (c'est-à-dire qu'il n'a pas encore perdu son équilibre). Dans ce cas, on aura besoin de plus d'énergie. Un fa jin trop tard, l'adversaire a une opportunité de changer et de s'adapter, ce qui nous amènerait à un échec et nous mettrait dans l'embarras. Trouver le bon timing pour notre fa jin est appelé ji (gagner l'opportunité). Le meilleur moment est celui où l'adversaire est le plus faible. Quand il est déséquilibré, son corps est rigide, ses racines sont instables et son temps de réaction lent.

Le second principe du fa jin est la position. Cela se réfère à ce qui est appelé de shi. C'est le cas quand notre corps est dans une posture confortable et pas notre adversaire. On est relaxe, stable, notre esprit peut facilement se concentrer et notre qi se déplace sans à-coup. On peut faire tout ce qu'on veut. Notre corps est prêt à émettre de la force. Par comparaison, le corps de notre adversaire est dans une position difficile. Il ne peut pas se relâcher et il ne peut pas facilement faire de changements. C'est seulement quand on a ce type d'avantage sur la position que l'effet du fa jin est optimum.

 

Le troisième principe du fa jin est la direction. Quand on veut projeter notre adversaire, il y a une meilleure direction et une pire direction. La meilleure direction est celle vers laquelle notre adversaire se penche quand il perd l'équilibre. Attaquer dans cette direction demande le minimum d'énergie. La direction la pire est celle où notre adversaire doit aller, il retrouverait son équilibre. Le projeter dans cette direction n'est pas seulement une perte d'énergie mais cela peut nous mettre dans l'embarras. Entre la meilleure et la pire des directions il y a beaucoup d'autres choix. Malheureusement, la plupart des débutants choisissent toujours la pire. Ainsi un objectif clé pour l'entraînement au fa jin est de savoir la meilleure direction

 

Quand on peut suivre ces trois principes, on est sur le bon chemin. C'est ce qui est décrit comme « de ji de shi » (gagner l'opportunité et la position) dans les classiques du Taiji Quan. Quand on s'entraîne au Fa jIn, qu'il soit interne ou externe, il faut suivre ces trois principes de base. C'est la voie pour atteindre un plus haut niveau en termes d'efficacité et de techniques plus raffinées.

 

Les débutants tendent à oublier ces règles avec le wai jin car un wai jin puissant a de la gueule, même si c'est en fait très inefficace. En utilisant le nei jin ces points sont plus difficilement contournables. On n'a pas le choix sauf que d'y faire attention. C'est la manière d'étudier le nei jin qui procure le plus de chance pour comprendre le véritable sens du Taiji Quan. C'est une raison pour laquelle dans beaucoup de groupes, les professeurs n'autorisent pas leurs étudiants à s'entraîner à sortir le wai jin, ceci durant un très long moment. Si on ignore ces règles, alors on ne fait pas vraiment du Taiji Quan car ces trois principes suivent une des idées principales du Taiji Quan qui est appelé « zhi ji zhi bi » (se connaitre et connaitre son adversaire). Pour cela cela requière de la sensitivité. Et comme toute chose dans le Taiji Quan la sensitivité joue un rôle crucial dans le fa jin.

 

3.5.2. Caractéristiques du fa jin de haut niveau

 

En Taiji Quan, l'émission du wai jin doit être rapide, précise, dure et d'une quantité optimale. Mais le véritable fa jin de haut niveau est dans le nei jin. Comparé au nei jin, le wai jin est simple. Il est ainsi considéré comme appartenant au premier niveau de l'entraînement du Taiji Quan (cela ne signifie pas qu'il n'est pas important ni utile).

 

Les caractéristiques du nei jin de haut niveau sont qu'il doit être dissimulé. Il ne faut jamais montrer directement sa force à l'adversaire. Il doit être petit. Il ne faut pas faire de mouvements trop grands. Il doit être rapide. On ne doit pas hésiter quand on a l'opportunité. Il doit être précis. On ne doit jamais le faire sans connaitre le point de faiblesse de l'adversaire. Il doit être sans à-coup et continue, ne pas avoir d'interruption. Il doit être changeable, jamais rigide et raide afin que la quantité, la direction, le point d'impact puissent être modifiés à tout moment. Il doit apparaitre et disparaitre soudainement afin de mettre l'adversaire dans la confusion et le paralyser par l'indécision. Il doit être mix xu (inconsistant) et shi (consistant) quand les forces réelles et fausses sont mixées ensemble. Et il doit mélanger le yin et le yang en n'utilisant jamais du pur yin ou du pur yang.

 

Maintenant, on a besoin de parler un peu plus de la dissimulation du fa jin. C'est un des concepts les plus importants du Taiji Quan et une des sources de confusion. Ce que beaucoup de personnes imaginent comme un fa jin est en fait juste un type de fa jin (wai jin). Ils pensent ainsi que lorsqu'une force est émise il faut toujours que cela se voit. De l'extérieur cela semble impressionnant surtout quand il y a un bruit sourd.

 

C'est peut être le cas dans quelques styles d'arts martiaux, mais ce ne l'est pas toujours dans le Taiji Quan. Dans le Taiji Quan, c'est vrai pour la sortie du wai jin, mais le wai jin n'est pas la technique principale du Taijji Quan. Ce sur lequel on met le plus l'accent est le nei jin. Puisque par nature le nei jin doit être dissimulé, la sortie du nei jin doit suivre le même principe. Cela fait partie du concept wu xing (pas de mouvement ou de posture). On dit « you xing jie shi jia, wu xing fang wei zhen » (tous les jins qui peuvent être vu sont faux, seul le jin qui est caché est véritable ». Bien sur au début pour tout le monde c'est visible. Cependant avec la pratique, cela doit être minimisé. La chose la plus importante, ici, est de ne jamais penser à montrer une grande force. C'est la technique principale du Taiji Quan. Le vrai haut niveau est lorsque l'adversaire ne sent rien jusqu'à ce qu'il soit par terre et qu'il ignore la force utilisée pour le battre.

 

3.5.4. les méprises communes

 

Combattre comme l'on s'entraine

 

Quand on pratique, plus on obtient de jin mieux c'est. Mais quand on utilise le jin en combat, en fait moins il y en a mieux c'est. La plus grande méprise sur le fa jin est que les gens croient qu'il s'agit de sortir la plus grande force possible. Cela ne ressemble pas à ce qu'un art martial interne doit faire

Une des choses quand on s'entraîne est d'apprendre à contrôler, à savoir exactement combien de force est nécessaire dans chaque situation. Pour utiliser le juste minimum de force pour obtenir le maximum d'effet est l'objectif de la pratique du Taiji Quan.

 

Ignorer l'adversaire

 

L'autre grosse méprise est que nous n'avons pas besoin de prendre en compte les réactions de l'adversaire, juste de sortir la force aveuglément en vérifiant si la situation du moment convient. Le meilleur moyen de rechercher l'efficacité est d'exploiter les réactions de l'adversaire.

 

peut toujours gagner si on ignore ces règles. Les autres types de techniques peuvent fonctionner. Cela veut juste dire qu'on n'utilise pas les techniques du Taiji Quan ou du moins qu'on a un faible niveau en Taiji quan puisqu'on ne suive pas les principes du Taiji Quan. Avant de vraiment maîtriser le Taiji Quan, ces techniques marchent sans doute et nous font gagner des combats. Mais si maîtriser le Taiji Quan est le but, on doit arrêter de les faire.

 

3.6. Xu jin et fa jin

 

Quand on utilise le jin, il y a deux processus d'impliqué : le stockage et l'émission. Emmagasiner le jin est appelé xu jin et émettre le jin fa jin. Avant de pouvoir faire fa jin on a besoin de savoir comment est fait le xu jin. Puisqu'il y a différents types de jin dans le Taiji Quan et qu'ils peuvent être émis de différentes façons, il y a autant de manières pour faire xu jin. Basiquement on peut les catégoriser dans deux grands groupes, un pour le wai jin et l'autre pour le nei jin

 

Pour le wai jin on veut émettre une force de très grande puissante dans une seule direction aussi rapidement que possible. Emmagasiner et émettre sont deux étapes bien distinctes. Ce processus a été comparé au bandage d'un arc et ensuite de l'envoi de la flèche. La respiration est mise à contribution.

 

Avec le nei jin on émet une force modifiable et dissimulée. La force dure habituellement très longtemps. Ce processus est comparé à l'eau du printemps jaillissant du sol continuellement

 

Ici l'emmagasinement et l'émission ne sont pas des processus distincts.

 

Il y a deux définitions pour le xu jin correspondant à leur contrepartie dans le fa jin. Pour émettre une force de type fa jin, cela signifie emmagasiner une grande force. Cela suit l'analogie de l'arc et de la flèche. Ici, lors de l'entraînement, notr objectif est d'être capable d'emmagasiner et d'émettre le plus de force possible, aussi rapidement que possible

 

La seconde définition de xu jin correspond à la définition de l'émission de force du fa jin. Il s'agit de se préparer à utiliser sa force. C'est une question de mouvements. Il y a deux choses ici qu'on peut bien faire. La première est de dissimuler nos tentatives. Le Xu jin est là pour le fa jin. Si l'adversaire détecte le xu jin, il sait que le fa jin arrivera et il pourra s'en défendre facilement. En fait, quand on fait xu jin, c'est le moment le plus dangereux pour soi. Le meilleur moment pour la victoire est souvent quand on arrive à lire quand l'adversaire va faire fa jin. Ainsi, en ce qui concerne les mouvements, plus petit est le xu jin, meilleur c'est.

 

L'autre point clé est de faire le xu jin continuellement puisqu'on a besoin de faire du fa jin continuellement. A haut niveau, xu jin et fa jin prennent place en même temps sans interruption entre les deux. On dit toujours que le jin doit être comme le printemps qui ne s'arrête jamais.

 

Dans le cas du wai jin, les deux points sont difficiles à remplir, surtout le second. Il faut donc pratiquer les applications du nei jin en premier. Cela aide à comprendre ce processus.

 

Une des différences clés entre les applications du nei jin et ceux du wai jin est que pour le nei jin, xu et fa ne sont pas des processus clairement séparés. Selon les principes du Taiji Quan, yin et yang doivent être ensemble et s'aider mutuellement. Xu jin est yin, fa jin est yang. C'est seulement quand ils sont tous les deux présents en même temps qu'on peut dire que c'est du vrai Taiji Quan. Si on fait fa sans xu, notre jin sera trop dur, droit, court et non évolutif. Notre force peut être facilement contrée ou utilisée. Si on fait xu sans le fa jin, on donne une grande opportunité à l'adversaire de nous battre en nous compressant.

 

L'erreur la plus commune pour le xu est le mouvement de retrait visible et évident. L'erreur la plus commune pour le fa est le mouvement dur vers l'avant qui est évident et visible. Les deux trahissent vos véritables intentions vsi à vis de votre adversaire.

 

Car les processus du xu et du fa sont clairement séparés dans l'application du wai jin. Le wai jin ne suit pas vraiment le principe du Taiji Quan. Par conséquent, il n'est pas considéré comme une capacité de haut niveau pour le Taiji Quan.

 

Xu jin est l'entraînement pour la constitution de notre jin. Concernant la puissance qu'on utilise, plus le pourcentage de jin est élevé mieux c'est pour notre pratique. Ici ce qui est le plus important lors de l'entrainement est d'apprendre à uliser son esprit et de faire grandir le qi.

 

C'est parce que le jin suit toujours le qi et que le qi suit toujours l'esprit. La façon de développer notre qi passe par l'utilisation de notre esprit. Et quand notre qi devient fort, le jin augmentera.

 

4. utiliser le jin dans les poussées de mains et le combat.

 

Une des erreurs les plus communes pour beaucoup de gens est qu'ils essayent d'utiliser le fa jin trop directement. Ils veulent juste utiliser leur jin pour battre leur opposant aussi durement que possible ; mais avec la vraie technicité du Taiji Quan, émettre le jin n'est jamais utilisé tout seul. Le processus complet est constitué de cinq étapes :
     1. ting (écouter) : sentir et détecter ce que l'opposant veut faire
     2. Hua (disparaitre et dissolver) : neutraliser la force attaquante
     3. Yin (leurrer) fournir à l'opposant de fausses impressions, le faire croire qu'il peut vous avoir et le conduire à aller où vous voulez qu'il aille
     4. nia (tenir et contrôler) avoir son adversaire sous son contrôle (habituellement cela signifie de le garder en déséquilibre)
     5. fa (sortir une force projettée) : attaquer

Ici les quatres premieres capacités sont des capacités de nei jin tandis que le dernier, fa, peut être soit nei jin ou wai jin. Afin d'avoir de véritables techniques de Taiji, les quatre premiers étapes doivent être présent

 

5 Dong jin

 

Dans la pratique du Taiji Quan, développer une grande quantité de jin ne veut pas dire qu'automatiquement on a compris le Taiji Quan. Dong jin, ou comprendre la force, signifie qu'on à maîtriser le Taiji Quan. On dit de quelqu'un qu'il a atteint le niveau du dong jin quand il comprend comment appliquer le jin selon les principes du Taiji Quan. Avant d'atteindre ce niveau, on peut utiliser notre jin pour faire autre chose mais pas selon les principes du Taiji Quan. Et on ne comprend pas pourquoi les résultats ne sont optimums.

 

Cela comprend les points communs de tous les autres types de jins. Pour réussir à faire tous les types de jin, les points clés en commun sont la relaxation, le timing, la direction, l'esprit, et une compréhension du yin et du yang. C'est seulement quand on porte son attention à ces détails qu'on atteint un haut niveau.

 

Selon la tradition, dans le Taiji Quan, que cela soit à mains nues ou avec des armes, il y a trente six sortes de jin. Il y a trente six manières dans lesquelles notre force entraînée peut être utilisée. Une fois qu'on a le jin, on peut l'étudier dans tous les détails comment l'appliquer dans chacune de ces manières

 

Quelque uns de ces jins peuvent être utilisés pour les projection. On doit pouvoir les pratiquer séparément et attentivement dans les moindres détails, les comparer, comprendre ce qui est identique et ce qui est différent.

Le meilleur moyen est de s'entrainer avec un partenaire. Il faut faire beaucoup de répétitions. Le jin est une des fondations du savoir faire du Taiji Quan. C'est pourquoi on veut avoir une compréhension totale et précise de cet aspect.

 

6. signification supplémentaire du mot jin dans le Taiji Quan

 

Bien que jin signifie de manière générale force, il prend d'autres sens dans la pratique des arts martiaux. On doit les connaitre pour éviter toute confusion. Il est difficile d'expliquer pourquoi certain d'eux sont employés de cette manière mais ce n'est que le langage qui évolue.

 

Parfois, jin ne veut pas dire force mais capacité. Par exemple, en Taiji Quan, on a ting jin, yin jin, sui jin etc... Ting veut dire écouter. Ting jin signifie des capacités dans le domaine de la sensitivité. L'écouté passe par notre corps. On sait par le toucher ce que notre adversaire essaye de faire. Toutes les techniques du Taiji Quan sont basées dessus. Yin signifie leurrer. Yin jin est la capacité de faire aller l'adversaire là où on veut qu'il aille sans utiliser la force pour le pousser ou le tirer dans cette direction. Sui signifie suivre. Sui jin est la capacité de se relâcher qui nous permet de suivre l'adversaire. Habituellement on aime lister ces capacités pour le nei jin.

 

Parfois, jin signifie niveau, comme par exemple avec le Dong jin. Traduit littéralement, dong jin signifie comprendre la force. Cependant, dans la pratique de l'art martial traditionnel, on considère dong jin comme un niveau de pratique qui veut dire qu'on peut comprendre et appliquer les principes du Taiji Quan.

 

Parfois jin est un concept technique, comme hua jin ou na jin. Ici hua signifie dissoudre. Ainsi hua jin signifie des techniques qui peuvent résoudre des problèmes d'une manière très douce et très facilement. Na veut dire attraper ou contrôler. Ainsi na jin se réfère aux techniques qui maintiennent l'adversaire sous notre contrôle.

Parfois, jin veut dire tentative, intention comme le xin jin. Xin veut dire cœur. Ainsi xin jin signifie une tentative avec détermination.

 

C'est l'utilisation idéale de la force, de la force minimum nécessaire pour un maximum d'effet. Si on occulte cet aspect martial du Taiji Quan, où toutes les emplois sophistiqués de la force sont clairement illustrés et comprises, si notre auto satisfaction pour avoir développé une grande force nous arrête dans l'étude du jin alors on n'atteindra jamais un haut niveau en Taiji Quan

 

 

 

 

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